Quelques réflexions du prof.

Quelques réflexions personnelles du prof sur la self défense

Lorsqu'on s'inscrit à un cours de self-défense, les motivations peuvent être diverses :


On peut venir parce qu'un ami nous en a parlé et trouve l'ambiance sympa. 

On peut simplement vouloir pratiquer une activité sportive et choisir cela parce que "c'est la mode".
On peut le faire parce qu'on apprécie la "philosophie" des arts martiaux orientaux ou les pratiques énergétiques.
Mais très souvent, l'idée première est : Apprendre à se défendre.

Quelle peut-être réellement l'efficacité des cours d'autodéfense en cas d'agression par une ou plusieurs personnes ?


Je pense qu'il ne faut pas pratiquer dans l'unique but de savoir se défendre.

En effet, il faut s'entraîner pendant de nombreuses années avant d'acquérir les techniques et les réflexes nécessaires 

alors que la probabilité de se faire attaquer est faible.

De plus, nous ne sommes pas préparés à une agression. Les voyous ne prennent aucun risque : 

soit ils attaquent des plus faibles, soit ils se mettent à plusieurs ou attaquent par surprise.

Quant à nous, nous ne sommes pas en tenue de sport sur un tatami. Nous sommes avec des habits qui peuvent beaucoup nous gêner, nous ne sommes pas échauffés, peut-être qu'il pleut et que le sol glisse ou que nous sommes "coincés" dans un endroit restreint, alors comment faire une clé ou frapper dans un espace restreint.
Parfois, se défendre peut être pire que mieux, car cela peut provoquer plus de colère et de détermination chez le ou les agresseurs.
Ne rien faire peut être tout aussi dangereux...Alors, que faire ???


Pour ma part, je pense qu'il y a différentes options :


La première est la prévention.


Il faut bien choisir les endroits où l'on va et ne pas fréquenter les lieux malfamés. Il faut aussi tenir compte des horaires et éviter de sortir le soir et surtout la nuit, toujours être sur ses gardes lorsque quelqu'un nous suit...


La deuxième est la discussion.


Selon les cas et les menaces, on peut essayer de discuter calmement pour apaiser l'agresseur voire parfois lui donner ce qu'il demande (argent ou autre) ou au contraire, si l'agresseur est seul et ne nous semble pas très sûr de lui, parler fermement pour impressionner. Cela peut parfois suffire à désamorcer, car le premier combat est souvent verbal.


La troisième est la fuite (si on peut courrir) ou le repli stratégique.


La fuite peut être spontanée ou provoquée, par exemple en se dirigeant vers l'agresseur qui semble le plus frêle et en le bousculant pour pouvoir se sauver.


La dernière option est le combat, quand il est impossible de faire autrement.


A ce moment, je préconise de ne pas attendre l'attaque mais de la provoquer en entrant dans la distance. Il faut se rapprocher de l'adversaire qui nous semble le plus faible ou le mieux situé pour notre fuite éventuelle. Si l'attaque ne viens pas, on peut tenter de fuir en "débordant" l'adversaire (ilimi) ou alors il faut attaquer le premier le plus rapidement possible et profiter de la déstabilisation de l'agresseur pour fuir. Comme disait mon vieux professeur : "La meilleure défense est l'attaque".
Bien entendu, si on est obligé de choisir cette option il faudra surtout que la chance soit avec nous.


Par rapport à ces quatre options, que peux nous apporter la pratique de la self défense ?


Concernant la première option : la prévention, il est certain qu'un pratiquant a bien plus conscience de ses possibilités et de ses limites 

et saura ne pas prendre de risque.

Concernant la deuxième option : la discussion, la pratique d'un art martial permet de mieux garder son calme et son self-control face aux insultes 

et de mieux gérer la situation.

En ce qui concerne les deux dernières options c'est à dire la fuite ou le combat, une notion primordiale est la notion de distance. Il faut savoir avoir une bonne gestion de la distance par rapport à le ou les agresseurs, savoir quand on est en danger et quand on est hors d'atteinte, de façon à ne pas se faire surprendre et à garder le contrôle de la situation.
Dans tous les cas, je pense que la gestion de la distance, c'est à dire de l'endroit où l'on se trouve est plus important que les techniques que l'on va appliquer et qui ne pourront être faites qu'au tout dernier moment.


Ce qu'il ne faut pas faire.


1) Répondre aux insultes.

On risque de perdre plus facilement son sang froid.


2) Se mettre en garde de combat.

Il est préférable d'"être sur ses gardes" sans le montrer plutôt qu'"en garde". On appelle cela "Mukamae no kamae". En ce sens, l'attitude d'un aïkidoka est préférable à la garde d'un karatéka ou d'un boxeur, ceci afin de ne pas attiser la colère ou la détermination de l'agresseur.


3) Etre à égale distance des agresseurs.

Il faut toujours être plus près de l'un des agresseurs, car on sait alors que seul celui là pourra attaquer en premier, ce qui permet de ne pas être attaqué par deux ou plusieurs en même temps.


En conclusion.

On peut dire que la vraie efficacité des arts martiaux ne se trouve pas dans la technique, 

mais dans la capacité qu'ils développent à gérer son stress dans une situation d'affrontement.
Il y a beaucoup d'autres raisons à pratiquer la self défense. On peut y trouver du plaisir à apprendre des choses nouvelles, à progresser, à se surprendre en réussissant à faire des mouvements que l'on croyait impossible pour nous. Et surtout, on rencontre dans les dojos des gens qui partagent la même passion et contribuent à nous faire oublier les petits soucis de tous les jours et à nous faire passer un excellent moment entre amis... 

... et pour cela, au Budo Kwai Armentières, nous sommes très efficaces...


Jacques.


P.S. Il ne s'agit là que de reflexions personnelles basées sur plus de 60 ans de pratique...A chacun d'en faire son idée !